Reconstruction de l'orgue de Roquevaire
(Provence)

     Histoire :

     

    L’histoire de cet orgue commence  en  1827, derrière  un buffet d’orgue  en  mitre  inversée  dont l’entablement est posé à même le sol de la tribune, très haute, sans soubassement. Quoique très tardif, le buffet  en  sapin, peint  en faux noyer, évoque une facture ancien régime. En 1892 François MADER réalise un orgue neuf de 2 claviers et 14 jeux derrière l’ample façade d’origine. 

    En 1988,  l’instrument  est  à bout de souffle, n’arrivant plus à  couvrir  le  bruit  de  la  soufflerie. Une  association dynamique  s’est  alors  constituée pour faire construire un nouvel instrument de qualité, digne de l’édifice et des besoins culturels de cette cité proche de Marseille. Le projet de l’association était de faire construire un grand orgue moderne.   

     Modernité :

     

    Un des moyens d’affirmer emblématiquement cette volonté de   modernité fut d’intégrer plusieurs éléments de l’orgue personnel de Pierre Cochereau et notamment le bloc de 5 claviers fabriqué aux USA à l’image des claviers de sa célèbre console de N-D de Paris.
    Un autre moyen fut de s’inspirer, pour la composition, des idées de Jean Guillou.
    Enfin, nous avons eu recours aux technologies les plus évoluées, aussi bien pour la console et la transmission que pour l’architecture générale de cet instrument.
   

Buffet primitif
 de l’orgue
 de Roquevaire

 

    C’est ainsi que pour faire  face  à  ce gigantesque projet de nouvel orgue (14 mètres de hauteur! ), nous avons proposé de repenser intégralement la structure architectonique de cet instrument en réalisant une charpente métallique indépendante de la tribune qui permette de surbaisser considérablement le niveau inférieur de l’orgue. Ainsi, la tribune de l’église est-elle incluse dans le corps de l’orgue à hauteur des culots des tourelles du Grand-Orgue.
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     Création :

     

    Tout en intégrant dans le nouvel orgue de Roquevaire des éléments emblématiques de l’orgue personnel de Pierre Cochereau ou des éléments originels de l’ancien orgue de Roquevaire, nous avons tenu à faire œuvre de création.  

    Quelques exemples :

    Pour la console : dans son orgue personnel, le bloc  de  5  claviers constituait une  console  en fenêtre. Afin  d’exalter l’image emblématique de Pierre Cochereau, associée à cette construction, nous avons construit intégralement à neuf dans notre atelier, une console indépendante, sur podium mobile, dans l’esprit de la console  de N-D de Paris. Il ne s’agit pas d’une copie servile de la console qu’a joué Cochereau à N-D de Paris car l’esthétique générale a été repensée en fonction de l’angle de vue dont bénéficie le public, directement au sol, en avant du buffet d’orgue monumental.
    De même, la technologie de cette console est entièrement pensée en fonction des derniers acquis de l’informatique musicale. Elle est compatible avec la norme MIDI et offre la possibilité d’intégrer un P.C. pour les nouvelles formes d’écriture musicale
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Organiste: Maxime PATEL
Photographie: Jean-Paul CHASSAING

La console des claviers entièrement neuve (*)
 intègre les 5 claviers et le pédalier de l’orgue
 d’appartement de Pierre Cochereau.
Son podium mobile permet de la déplacer facilement
dans toute l’église grâce à sa liaison par fibre optique.

 

Fabrication des sommiers
 de Grand-Orgue

(*)  Construction de la nouvelle console en atelier

Tuyaux de Grand-Chœur
 et Grand-Orgue

Tuyaux du Solo

 

        Pour la tuyauterie : celle de l’ancien orgue de Roquevaire était disparate et n’a pas pu être entièrement réutilisée. La tuyauterie de l’orgue personnel de Pierre Cochereau, quant à elle, était constituée de nombreux tuyaux de récupération. Les tailles, assez étroites, étaient adaptées à une acoustique d’appartement qui n’avait rien à voir avec l’ampleur immense de l’église de Roquevaire. C’est pourquoi sur les 4723 tuyaux que compte cet orgue, 21,3% seulement proviennent de l’ancien orgue de Pierre Cochereau, 10,0% proviennent de l’ancien orgue de Roquevaire, et 68,7% ont été fournis par notre manufacture. Si nous avons pu réemployer 17 jeux de l’orgue de Pierre Cocherau, il nous a fallu décaler les tailles, reprendre les hauteurs de bouche, racler les biseaux afin de remodeler totalement le rendu  de  cette  tuyauterie dans l’harmonisation  générale de notre nouvel instrument. Seul le jeu de Musette 8 a été maintenu en l’état d’origine, mais il fallut langueyer plus fort en raison de la pression du Solo, largement supérieure à celle à laquelle ce jeu sonnait initialement. Par contre, la synthèse des Flûtes Harmoniques du Solo est entièrement neuve.    

 

       Pour le buffet : il fut choisi de réutiliser des boiseries anciennes en les intégrant dans un nouveau  buffet  dont  le  dessin  et  la  conception reviennent intégralement à Daniel BIROUSTE.  Deux grandes tourelles encadrent l’instrument. Le Positif, inséré dans le soubassement, est en légère saillie au devant d’une fausse tribune. Une façade supérieure dissimule  les  tuyaux  du  Solo et la boîte du Récit expressif. Plus des 2/3 du buffet d’orgue sont neufs et l’ensemble a été intégralement peint couleur noyer.  

     Harmonisation :

     

    L’harmonisation  de  cet  orgue  a  été conçue pour répondre parfaitement au répertoire symphonique et contemporain en s’intégrant idéalement dans des dispositifs avec chœur et orchestre.
    Sur le plan sonore, Daniel Birouste a naturellement souhaité que cet orgue s’inscrive dans une perspective d’avenir. La composition choisie donnait des orientations. Chacun sait pourtant qu’il y a un pas immense entre un nom de jeu et son rendement sonore dans l’édifice.
    Ces problèmes d’esthétique musicale ont préoccupé notre manufacture dès le départ. En effet, la personnalité emblématique de Pierre Cochereau pouvait servir de catalyseur mais elle pouvait également étouffer toute démarche créatrice! C’est pourquoi Daniel Birouste a souhaité raisonner en termes d’orchestration, sur les conseils de Michel Bourcier, Thierry Escaich et Jean-Louis Florentz.

    On a coutume de parler d’orgue symphonique, baroque ou néoclassique pour désigner des esthétiques relatives à des répertoires musicaux. S’inscrire dans l’une de ces esthétiques, c’est immédiatement s’interdire toute prospective. Or Daniel Birouste est de ceux qui croient que la musique est un art vivant et que l’avenir de l’orgue passe par une réconciliation de l’orgue et de l’orchestre. A Roquevaire, plus qu’ailleurs, où l’organiste n’est pas isolé sur sa tribune, cette réconciliation est possible.

    Raisonner en terme d’orchestration c’est donner à chaque plan sonore de l’instrument (chaque clavier) une valeur propre. Celle d’un espace musical qui se suffise à lui-même, dans lequel chaque jeu acquiert un caractère particulier.
    Une conception d’ensemble de la palette sonore rend les tuilages possibles et les mélanges cohérents. Dans ce souci, Daniel Birouste a varié à foison les progressions des tailles des tuyaux, le titrage des alliages et de façon générale la plupart des paramètres qui régissent les tuyaux d’orgue. Tous cependant se rejoignent sur une clé unique qui donne à l’instrument sa cohérence dans sa diversité.
  

Roquevaire: 4723 tuyaux en images !

Discographie, Vidéographie et
 composition de l’orgue

 

Flash-Info : Notre grand orgue de Roquevaire continue d'être apprécié de très nombreux organistes. Au-delà des éloges qui nous parviennent directement, nous avons eu le plaisir d'en lire un magnifique témoignage sur le site suisse "Orgues et Vitraux":

"Le Facteur d'Orgues qui réalisa ce chef d'oeuvre est Daniel Birouste : Manufacture d'Orgues de Plaisance du Gers. C'est ainsi qu'un petit village de Provence est devenu titulaire d'un des plus beaux instruments de France."
http://www3.orgues-et-vitraux. ch/default.asp/2-0-1599-11-6- 1/

 

 

Ecoutez une improvisation réalisée sur l'orgue de Roquevaire :

http://www.youtube.com/watch? v=cT0hLRn-qoA&feature=related